budget 2019 : Le gouvernement programme une forte austérité

Publié le par Dynamique Citoyenne

Article de Guillaume Duval du 22 août 2018 sur le site d'Alternatives Economiques.

La rentrée ouvre la saison budgétaire. C’est toujours un moment difficile pour l’exécutif : celui-ci a invariablement promis des hausses de dépenses pour tel ou tel sujet prioritaire et des baisses de prélèvements à telle ou telle catégorie sociale, le tout en réduisant bien entendu les déficits. C’est au moment d’établir le budget pour l’année suivante qu’il faut trancher ces contradictions.

Cette année, l’équation est encore compliquée pour Emmanuel Macron par le net ralentissement de l’activité économique enregistré au premier semestre et les fortes incertitudes qui pèsent sur les prochains mois dans un contexte international de plus en plus tendu.

A ce stade tous les arbitrages concernant le budget de l’Etat et celui de la Sécurité sociale ne sont pas encore rendus, mais le gouvernement a d’ores et déjà transmis au Parlement en juillet dernier les enveloppes budgétaires maximales prévues pour 2019 pour les différentes missions de l’Etat

Niveau des principales enveloppes du budget de l’Etat pour 2019 (en milliards d’euros) et évolution par rapport à 2018 en volume et par habitant (en %)

 

Celles-ci font apparaître qu’une forte austérité est bien programmée par le gouvernement avec une baisse moyenne de 1,4 % en volume et par habitant des budgets des différents ministères, si on prend en compte une inflation de 1,8 % sur l’année et une hausse de 0,4 % de la population.

L’exécutif a prévu en particulier des baisses drastiques des budgets consacrés au travail et à l’emploi, à l’agriculture ou encore au logement, à la cohésion territoriale et aux relations avec les collectivités locales.

Pas de quoi favoriser l’indispensable mutation de notre modèle agricole pour qu’il devienne moins destructeur de l’environnement et moins menaçant pour la santé des Français. Pas de quoi non plus limiter la grave crise du logement qui touche toujours les jeunes et les plus pauvres dans les grandes agglomérations. Pas de quoi enfin limiter non plus les inégalités territoriales dont l’aggravation menace la cohésion du pays. 

Certes quelques autres budgets augmentent significativement comme celui de la solidarité : malgré la fameuse sortie sur le « pognon de dingue » dépensé pour les pauvres, le gouvernement privilégie donc finalement les aides sociales plutôt que le soutien à l’emploi dans son budget. Comprenne qui pourra.

Il prévoit en effet d’amputer de 2 milliards d’euros le budget de l’emploi, avec une nouvelle réduction drastique des emplois aidés, pour accroître d’un milliard d’euros le budget de la solidarité afin de financer notamment le tant attendu plan de lutte contre la pauvreté.

Outre que le compte n’y est pas dans ce jeu de vases communicants, on peut légitimement redouter que les très nombreux chômeurs de longue durée, désormais privés d’emplois aidés, s’en sortent en réalité plus mal demain qu’hier malgré le coup de pouce donné au plan pauvreté pour les assister davantage…

La justice, la défense ou encore l’aide au développement verront également leur enveloppe s’accroître, mais, malgré tous les beaux discours sur la priorité à l’éducation, celles de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur vont baisser au contraire en termes réels l’an prochain. De même, malgré toutes les belles paroles, le budget de l’écologie continuera de stagner l’an prochain en termes réels.

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